Les conceptions du Divin.
« L’univers
m’embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas
d’horloger ». Voltaire
Dieu ou le Divin sont des
notions polysémiques qui comportent de nombreuses acceptions. Pour reprendre la
belle métaphore de Voltaire, la question est de savoir si l’horloge et
l’horloger ne font qu’un ou pas ? En d’autres termes, si Dieu existe, se
confond-il avec sa création ou lui est-il extérieur, est-il immanent ou
transcendant ? Et si Dieu est horloger, peut-il être indifférent au sort
de son horloge ? S’il s’est donné tant de mal à créer le monde n’est-il
pas Amour ? Voici en tout cas un bref récapitulatif des principales
doctrines sur Dieu dans leur ordre d’apparition chronologique.
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Le polythéisme. C’est la croyance en une pluralité de dieux comme
dans le paganisme grec, le druidisme, le chamanisme ou l’animisme. Nietzsche
fut nostalgique du polythéisme à travers son culte de Dionysos.
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L’hénothéisme. C’est la croyance en l’Unité fondamentale du Divin
au-delà de la diversité des dieux qui ne sont que des avatars de l’Un.
L’hindouisme est un hénothéisme repris par la philosophie de Plotin.
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Le panthéisme. C’est la croyance en l’Identité fondamentale du
Divin et du Cosmos, ce qui revient à affirmer que Dieu est Tout et que Tout est
Dieu. Le bouddhisme et le taoïsme sont des panthéismes. La théologie de Spinoza
est un panenthéisme car elle considère que tout est en Dieu qui enveloppe la
totalité du réel.
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Le monothéisme. C’est la croyance en un Dieu unique, Créateur de
l’Univers. Les trois grands monothéismes sont le judaïsme, le christianisme et
l’Islam. Platon et Aristote ont pour leur part enseigné un monothéisme sur le
plan philosophique.
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Le théisme. C’est la
croyance en l’existence d’une Cause intelligente suprême sans présumer de son
immanence ou de sa transcendance. C’est le Dieu de Voltaire et des
rationalistes en général.
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L’athéisme. C’est la croyance en l’inexistence de Dieu. Seuls les
adeptes de la théorie du hasard comme Darwin peuvent se prétendre de vrais
athées car dès lors qu’on pose un déterminisme à l’origine de la vie on retombe
dans le théisme.
C’est incontestablement le philosophe allemand Schelling qui a réalisé
l’étude philosophique la plus complète sur Dieu et le Divin dans l’histoire de
la pensée occidentale. Ce dernier a eu
le mérite de tenter une synthèse monumentale entre les diverses conceptions de
Dieu à travers sa Philosophie de la
Mythologie et sa Philosophie de la Révélation. Pour
Schelling le rapport entre Dieu et l’homme est très subtile, car si c’est bien
Dieu qui a créé l’homme à son image c’est bien parce que cette image était
depuis toujours gravé au plus profond de la conscience divine. Le Dieu de
Schelling a dû s’arracher à lui–même pour devenir véritablement Dieu. En fait
les six conceptions de Dieu sont génialement intégrées dans l’œuvre complexe du
philosophe allemand. Pour simplifier les choses on pourrait évoquer le
l’Hexagone du Divin…